INTERVIEW ANOUCK FONTAINE
Anouck Fontaine est illustratrice. C’est elle qui a peint à l’aquarelle la fresque utilisée pour le clip de la chanson du ZikiZik Band « Magique la Terre ». Cliquez pour écouter sur spotify.
Le thème La Terre, notre maison
- Pour toi en quoi la Terre est-elle magique ?
En pensant à la magie de la Terre, ça me renvoie aux échelles. A la pensée que nous sommes si petit dans un univers si vaste, mais aussi si grands en taille par rapport aux êtres vivants plus petits. Le fait qu’on est un être humain résultant d’une suite d’accidents ou de hasards, qu’on se retrouve sur cette petite planète, un être particulier à un moment précis.
La réalisation du story board pour le clip
- Quelles idées de conceptions t’ont amenées à réaliser une sorte de patchwork ?
Le point de départ de cette création est venu des inspirations de Suzanne Forsell, une ambiance légère aux couleurs pastels et l’idée d’une animation simple à l’aide de textiles. J’ai tout de suite été très inspirée par ces quelques pistes et petit à petit l’idée d’un patchwork a pris forme. De plus ce projet a été une opportunité d’explorer la création textiles qui m’a toujours fascinée.
- Comment as-tu conçu le story board ?
Guidée par le texte de la chanson, j’ai d’abord imaginé des cases narrant un changement de comportement envers notre terre et ses ressources. L’interrupteur passe de « on » a « off », l’usine s’arrête de tourner, les animaux prennent la paroles pour nous dire « STOP », les enfants prennent soin d’une planète malade, pour finalement renouer avec une planète heureuse et soignée. Puis je suis passée à l’étape d’assemblage de ces images, cousues l’une contre l’autre elles sont comme de petites pièces qui se côtoient dans une maison.
- Comment se lit la narration ?
Elle se lit à la fois sur la peinture à l’aquarelle sur textile, et dans un deuxième temps grâce à l’apparition d’une ombre chinoise qui révèle une deuxième image.
La réalisation de la fresque
- Quelles ont été les étapes de la réalisation de cette fresque ?
Au départ il y a eu plusieurs étapes d’expérimentation avec différents tissus, peintures, et papier pour les ombres. Pour cela j’ai testé la transparences des tissus en les éclairant avec différentes sources lumineuses. Une fois une technique convaincante trouvée, dans ce cas l’aquarelle sur tissu en coton nature assez fin et un papier 200gr, je suis passée à la réalisation de croquis d’inspiration avant de les organiser dans un storyboard construit. Une fois cette étape validée par Suzanne et Vincent, je suis passée à la création des 9 cases peintes.
- Comment as-tu conçu l’ombre chinoise ?
Ces deux narrations que j’ai baptisées « jour et nuit », créent un dialogue entre la réalité sur terre et la figure anthropomorphisée de la terre. La petite loupiote qui se déplace d’une case à l’autre tisse le lien entre les différents niveau de narrations.
Tournage du clip
- Quelles contraintes sont apparues pendant le tournage du clip ?
Ce projet était particulier dans la richesse que comporte la collaboration avec la vidéo et un cameraman. Les contraintes qui sont apparues pendant le tournage étaient principalement celles au niveau de la lumière. Comment faire en sorte qu’on arrive à gérer l’aspect jour et l’aspect nuit dans une même séquence : ça c’était le plus grand enjeu. Cependant, c’était très riche pour moi d’avoir l’oeil d’un cameraman qui maîtrise les lumières, le cadrage. La deuxième contrainte était celle de calquer les images sur la musique. On a suspendu la fresque, on enclenchait la musique, moi je jouais avec la loupiote derrière, pendant que Vincent filmait, le but étant de filmer en plan séquence. On a fait de nombreux essais !
- Est-ce que ces contraintes pendant le tournage t’ont poussées à plus de créativité ?
Oui, bien sûr, car je sortais de la 2D, d’une image inanimée, et de ce fait de ma zone habituelle de création. Par exemple, c’était complètement nouveau de devoir réfléchir à comment orienter la lampe pour que l’ombre bouge. Donc cela a nécessité beaucoup de créativité pour la partie réalisation.
- Comment avez-vous procédé pour filmer l’oeuvre ?
On a filmé les cases comme on passe d’une pièce à l’autre, un chemin qui part en colimaçon du premier étage pour monter tout en haut de la maison. On commence pièce par pièce puis à la fin on dézoome pour découvrir une maison perdue dans les étoiles.