Interview Sandy Tripet

Création du story board, construction décor et marionnettes, manipulation pour le clip « Le Dentiste Détective »

  • L’inspiration

D’où t’es venue l’inspiration?

En premier lieu, j’ai beaucoup écouté la chanson afin de faire travailler mon imaginaire. Mais le point de départ a été inspiré par une idée de Suzanne qui est la porteuse du projet. Elle avait envie de quelque chose de filmé depuis le haut sur un plan horizontal. C’était son seul souhait, et je la remercie de m’avoir laissé très libre d’inventer et de faire ce que je voulais par la suite. 

  • La réalisation du story board pour le clip

Comment as-tu conçu le story board?

Afin de concevoir un scénario, j’ai d’abord découpé l’histoire en plusieurs parties selon les rythmes de la chanson, et les apparitions et actions-clefs des personnages. J’ai ensuite contacté le réalisateur et nous avons échangé sur la manière dont chaque personnage apparaîtrait à l’écran. Par exemple, pour l’apparition du dentiste, nous avons décidé de ne pas le dévoiler immédiatement, mais de commencer par un gros plan sur son oeil derrière sa loupe. Après cela j’ai conçu les images du story board que j’ai transmises au réalisateur et à Suzanne. Nous y avons encore fait quelques modifications ensemble afin d’arriver à un résultat satisfaisant pour tous.

Comment en es-tu venue à l’idée des bonbons?
J’ai cherché longtemps dans quel contexte allaient évoluer les marionnettes de Panais et Navet et du Dr Endive, qui sont tous des légumes. Ils sont donc considérés comme des aliments sains du point de vue des parents et des dentistes. Mais j’ai pensé aux enfants et aux légumes de la marmite de l’escalade qu’ils préfèrent assurément aux vrais légumes. J’ai donc décidé de prendre de contrepieds et de faire évoluer tout ce petit monde dans un univers artificiel de sucre et de bonbons. Je voulais qu’il y ait un côté magique et irréel, avec beaucoup de couleurs vives. Un monde merveilleux pour les enfants, même s’il est peu conseillé pour la santé des dents. 

  • La réalisation du décor

Quelles ont été les étapes de la réalisation du décor?
Une fois le contexte établi, tout commence toujours avec des dessins. C’est seulement lorsque j’ai décidé de ce que je vais faire sur le papier, que  je commence la réalisation du décor. Durant la phase de réflexion, j’ai collecté petit à petit des éléments divers, dont des vieilles souches de plantes de mon jardin. Je les ai transformées en arbres à bonbons, et bien sûr, j’ai sillonné les magasins de confiseries. Ensuite, j’ai construit la structure. C’est une planche montée sur des tréteaux et dans laquelle j’ai découpé un parcours et des sillons afin d’y faire circuler les marionnettes. Il a aussi fallu fabriquer des éléments comme la maison du dentiste, le dentier géant, la chambre de panais et navet, l’écran à théâtre d’ombres ou des pâtisseries artificielles. Ça m’a pris beaucoup de temps, mais j’ai vraiment aimé confectionner tout ça.

Quelles ont été les étapes de la réalisation des marionnettes?
Là aussi j’ai commencé par réaliser des dessins pour trouver le caractère des personnages. Puis, j’ai assez rapidement décidé de la technique avec laquelle j’allais les fabriquer. Ce sont des marottes, c’est-à-dire qu’elles sont montées sur un bâton et sont constituées de papier mâché. Elles sont manipulées par-dessous et les marionnettistes sont cachées sous la planche qui sert de décor. Il a fallu fabriquer le dentiste et le navet en deux tailles différentes. Panais, lui, a eu droit à trois exemplaires dans des positions et tailles diverses pour l’adapter aux scènes qui devaient être tournées. Quant à Madame Carie, c’est une simple silhouette de papier, et son chien méchant a une mâchoire articulée. 

  • Tournage du clip

Quelles contraintes sont apparues pendant le tournage du clip?
Nous avons tourné dans un appartement, et la lumière changeait durant la journée. Il a fallu s’y adapter. Il y avait aussi des éléments non souhaités à l’image comme un interrupteur apparent sur le mur du fond que le réalisateur a dû gommer au montage. Mais la plus grosse contrainte a été le temps de réalisation, car nous avons tourné l’intégralité du clip en deux jours, ce qui est très court. Il y a de petits défauts, car parfois on voit une main ou un pied de tréteau, mais nous avons décidé de tourner ce clip de façon artisanale et ces défauts sont assumés.

Pour la manipulation des marionnettes?
La manipulation en elle-même n’était pas compliquée, mais il y avait beaucoup éléments à manipuler en même temps.

Est-ce que ces contraintes pendant le tournage t’ont poussé à plus de créativité?
Les contraintes poussent à la créativité ! C’était très acrobatique sous la table ! Nous étions deux à manipuler, mais comme il y avait beaucoup de choses à faire bouger, j’ai dû inventer des petits systèmes invisibles pour relier certains éléments entre eux, afin de réussir à en manipuler plusieurs d’une seule main. Heureusement nous étions deux pour certaines scènes.

Comment avez-vous procédé pour filmer l’œuvre?
Vincent, le réalisateur, a filmé en travelling. Nous avions prévu une planche parallèle afin de faire rouler un petit skate sur lequel était fixée la caméra. Parfois il a filmé avec la caméra au poing.